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Ce mercredi 3 mars 2021 était arrêté Ousmane Sonko, l’un des principaux opposants du Président sénégalais, Macky Sall. Ce dernier est accusé de « viols et menaces de mort » à l’encontre d’une employée d’un salon de massage. Ce dernier réfute ces accusations et dit n’avoir rien fait de répréhensible. Il va néanmoins plus loin en accusant le Président de « machination politique » et de « complot », ayant pour objectif de l’empêcher de participer aux élections présidentielles de 2024.

Cette affaire aurait pu rester une affaire de plainte déposée contre un homme politique, mais elle a pris une tournure inattendue, étant donné qu’Ousmane Sonko jouit d’une certaine popularité auprès des jeunes, de par son discours antisystème. Il était également perçu comme le dernier rempart d’une opposition face à Macky Sall. Ce mercredi a donc vu l’escalade des tensions lors du trajet d’Ousmane Sonko vers le tribunal, puisque de nombreuses confrontations ont éclaté entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes. Selon le politologue Papa Fara Diallo, « ce qui s’exprime actuellement est une jeunesse qui est en colère contre le système par rapport au manque de perspectives ». D’après lui, ces manifestations dépassent le « cadre partisan du parti Pastef, le parti d’Ousmane Sonko ».

Ce vendredi 5 mars, les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre se multiplient dans différents quartiers de Dakar et dans d’autres villes du pays. Des mouvements d’une telle ampleur n’avaient pas été vus au Sénégal depuis des années. En effet, ce pays est historiquement considéré comme l’un des plus stables du continent africain.

Ces manifestations ont malheureusement débouché sur la mort de quatre personnes, tuées par les forces de l’ordre qui ont tirées à balles réelles. De plus, de nombreuses autres dérives gouvernementales ont été constatées. Deux chaînes de télévisions privées ont eu ordre d’interrompre leurs émissions, WhatsApp et Youtube ne sont plus accessibles et de nombreuses personnes craignent une réponse autoritaire à ces événements.

La communauté internationale a également réagi. Tout d’abord, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, s’est dit « très préoccupé » par la situation, et son porte-parole a souligné que « les manifestations doivent rester pacifiques et les forces de sécurité et de police doivent (…) permettre à ces manifestants d’exprimer leur opinion et volonté ». Par ailleurs, l’ONG Amnesty International a appelé les autorités sénégalaises à « cesser les arrestations arbitraires d’opposants et d’activistes, respecter la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression ».

Cependant, il est fortement envisageable que de tels événements soient à nouveau à déplorer au cours des prochains jours, car la garde à vue d’Ousmane Sonko a été prolongée ce vendredi. Tant qu’elle ne sera pas terminée, il est difficile de penser que les manifestations s’arrêteront. Selon ses avocats, sa garde à vue devait se terminer ce dimanche 7 mars, mais Ousmane Sonko est attendu devant le juge lundi. Le mouvement de défense de la démocratie, très largement opposé à Macky Sall, a d’ores et déjà appelé à « descendre dans les rues » les 8, 9 et 10 mars pour de nouveau réclamer « la libération immédiate de tous les prisonniers politiques illégalement et arbitrairement détenus » et le « respect du droit de manifester ». L’affaire est donc à suivre de très près ces prochains jours…

Valère Bénazet – 08/03/21

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