Journée internationale des droits des femmes

Pour la 39ème fois en France, la Journée Internationale des Droits des Femmes a été célébrée ce lundi 8 mai 2021.

Instituée en 1977 à l’Organisation des Nations Unies (ONU) et depuis 1982 en France grâce au Mouvement de la Libération des Femmes (MLF) et à la ministre Yvette Roudy, la Journée Internationale des droits des femmes trouve ses origines dans le monde socialiste du début du XXème siècle.
Sous l’impulsion de la journaliste marxiste et figure du féminisme socialiste Clara Zetkin, est créée en 1910 à Copenhague, lors de la Deuxième Internationale des femmes, une journée mondiale des droits de la femme. La date de cette journée est fixée au 8 mars par Lénine en 1921, en honneur aux ouvrières russes qui avaient réclamé le retour de leur mari lors du premier jour de la Révolution russe, le 8 mars 1917.

Cette année, malgré les contraintes liées à la Covid-19, des milliers de personnes se sont rassemblées dans plusieurs villes de France. Plusieurs manifestations ont eu lieu en amont le weekend dernier et le lundi même, notamment à Paris, Nice, Lille, Lyon ou encore Strasbourg.
D’autres formes de protestations furent également adoptées : le collectif le Gang du Clito et Simone Media ont posé un clitoris géant sur le parvis du Trocadéro. Une installation symbolique et dénonciatrice de l’analphabétisme sexuel, l’inégalité de traitement institutionnel et médical de cet organe.
Le collectif OVNi (Objectif Vidéo Nice) a quant à lui donné un coup de projecteur sur les femmes vidéastes engagées qui travaillent ou présentent leurs œuvres sur le territoire.
En Martinique, la Collectivité Territoriale a organisé un marché artisanal mettant en avant les femmes samedi 6 mars 2021.

Parmi le large éventail de dénonciations, on pouvait retrouver la classique inégalité des hommes et des femmes au travail. Selon l’organisme européen de statistiques Eurostat, « les femmes sont payées, en moyenne, 14,1 % de moins que les hommes » dans l’Union Européenne en 2018. En France, les chiffres sont revus à la hausse par l’INSEE : les femmes gagnent 16,8 % de moins que les hommes en équivalent temps plein, c’est-à-dire pour un même volume de travail.
Cela va sans même évoquer la charge mentale, un concept de la sociologue Monique Haicault, désignant le temps consacré à la gestion des tâches du ménage, qui est dans la grande majorité des cas, portée par les femmes. D’où l’expression de plus en plus banalisée « double-journée des femmes »
Mais aussi, « l’impunité pour les violences sexistes et sexuelles et l’inceste » selon les termes d’un membre du Collectif 8-Mars de Lille. Selon une étude de l’IFOP de 2018, 32 % des femmes ont déjà été confrontées à au moins une situation de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Sans oublier les 90 féminicides comptabilisés par le gouvernement en 2020.
La « PMA pour tou·te·s » faisait partie des revendications manifestantes, tout comme les attaques contre la (quasi) interdiction du droit à l’avortement dans de nombreux pays, dont la Pologne depuis octobre 2020 ou le Honduras depuis janvier dernier.
Enfin, des slogans comme « Un violeur à l’intérieur, un complice à la justice ! » visaient l’institutionnalisation systématique et l’inaction du gouvernement face à ces injustices.

Au niveau mondial, des mouvements similaires ont pu être observés. Malgré l’institutionnalisation de cette journée par l’ONU, tous les pays ne la reconnaissent pas au même degré.
À Santiago au Chili, plusieurs centaines de milliers de femmes ont ainsi défilé, appelant à la fin des violences machistes et au maintien de la pression sur le gouvernement du Président Sebastian Pinera, plus de quatre mois après le déclenchement d’une crise sociale visant de profondes réformes pour plus d’égalité sociale.
Des centaines de milliers de manifestantes ont dénoncé le « patriarcavirus » dans les rues d’Espagne. « Le machisme tue plus que le coronavirus ».
En Belgique le slogan « On s’arrête toutes, on arrête tout, on s’arrête partout » appelait à arrêter toute forme de travail les 8 et 9 mars, afin de dénoncer les inégalités et la discrimination.
À Istanbul, le gouvernement avait interdit tout rassemblement pour la deuxième année d’affilée. Plusieurs centaines de femmes qui ont défié le régime ont été dispersées par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène. On pouvait lire sur des pancartes « Longue vie à la lutte féministe ».

En 2021, le thème de la Journée Internationale des droits des femmes est « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ».
Si la crise sanitaire a certainement mis en péril les avancées achevées au cours des dernières années en relayant la cause féministe au second plan, elle pourrait aussi être un moment de prise de conscience radicale des dysfonctionnements que notre société connaît.
Si la France à la réputation d’être le pays des Droits de l’Homme, quand se décidera-t-elle enfin à devenir celui de ses 34,7 millions de concitoyennes ?

Laora Hoek – 10/03/21

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